Le chemin parcouru

"Ouaaaah qu'est ce qu'il a progressé mon poney" ne cesse de se dire la greluche, un sourire idiot gravé sur les lèvres. Il n'a pas frétillé du popotin quand nous sommes partis tous les deux en balade, il réponds à la plus infime des indications. Il ne moufte plus quand les voitures mal polies doublent à fond de balle. Mieux, quand un mossieur caché derrière la haie a raclé une grosse tôle sur le bitume, il n'a pas démarré sans réfléchir. Il s'est arrêté comme il a appris et il a attendu la confirmation d'en haut que tout va bien.

Il a bien progressé le lardon, un simple "kiss" le fait partir au galop, un léger serrement de talon, le galop s'allonge au point de faire monter les larmes aux yeux à cause du vent, un redressement du buste et il ralentit, un coup de sifflet il passe à l'allure en dessous. Rênes à la couture, pas besoin d'intervenir, c'est devenu un coco en direction trés assistée qui se prend en charge comme un grand. Un camion arrive à fond, pas de problème non plus, un regard tranquille en arrière pour voir la bête et c'est tout, au pire le popotin se crispera un peu.

Non vraiment y'a pas à dire, les progrés sont là et il y a de quoi être fiers de nous quand on sait d'où on vient. Sourire béat, greluche décontractée de la fesse, "Non vraiment, le lardon c'est devenu un chouette poney" n'arrête t-elle pas de se dire, savourant ces mots comme un bonbon au goût exceptionnel. Il va d'un bon pas, oreilles droites comme des I, pro jusqu'au bout des sabots ... ou presque ! Le lardon sans peur et sans reproche, si parfait, si génial a parfois des cheminements intérieurs bien personnnels qui ne lui font pas craindre le 'ros camion mais qui occasionne un demi-tour de gala pour un ridicule petit pin déraciné de rien du tout !

Le lardon reprend sa route comme si de rien était, un sourire idiot sur les lèvres "Ouah qu'est ce qu'elle a progressé ma greluche, son popotin n'a même pas décollé de la selle quand je l'ai secoué. Non vraiment, ça devient une chouette greluche ... hi hi hi !"