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Maestro : Petit cheval d'amazone
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Maestro : Petit cheval d'amazone
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3 février 2010

Le jour où l'Acepromazine eu le dernier mot

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7h00, le compte à rebours est lancé ! Bouchon m'attend sagement à l'attache. Je verse le contenu de la petite boîte qui m'a été donnée la veille dans une petite quantité de grain. Toute la boîte. Ne surtout pas se poser de question. J'ai décidé de jouer le jeu, ce n'est plus le moment de faire machien arrière. J'ai l'estomac au bord des lèvres quand je lui présente sa gamelle piégée. Sentiment horrible de trahir sa confiance. Je n'ai qu'une seule consigne : manipuler le lardon le moins possible et cela m'arrange. J'ai du mal à rester à ses côtés tellement le remord m'assaille. Je me déteste de lui faire ça.

8h30, j'ai rangé les dernières affaires qui trainaient, je m'occupe les mains et l'esprit pour ne pas réfléchir. Je m'autorise à peine de surveiller Bouchon par la lucarne de la sellerie. Il est calme, les granules commencent visiblement à faire un peu d'effet. Le taxi arrive. Un grand van 4 places spécial Vanator, les grands esprits se retrouvent, il a été aménagé comme je l'aurai fait si cela avait été le mien : vide et avec les portes arrières renforcées. Ca me rassure un tout petit peu. Dans l'écurie, le lardon se voit administrer une intraveineuse bonus de tranquilisant. La dose est grosse quand on sait qu'il a déjà les granules dans la bide. J'ai honte, mon Dieu, j'ai honte ! Un dernier café, quelques mots échangés, là-bas Bouchon s'endort sur l'auge à foin.

9h00, je n'ai clairement plus le droit d'approcher mon poney, lui parler non plus, de toutes façons on lui a mis des bouchons d'oreille. La mort dans l'âme, je suis les opérations en m'autorisant quelques conseils murmurés du bout des lèvres. Bouchon monte dans la remorque sans réellement se rendre compte de ce qui se passe jusqu'à ce que les portes se ferment. Pas d'explosion dans la boîte mais des grattements de sabots rageurs qui me hurlent "Je sais ce que tu fais, je ne suis pas dupe !" Pas le temps pour des "Au revoir", le diable est dans la boîte il faut rouler ! Ma portière claque, mes nerfs explosent. Les larmes débordent de mes yeux m'empêchant de jeter un dernier regard en arrière. Voilà, on y est. Bouchon est dans la boîte, combien de temps allons nous réussir à rouler ?

9h10, je guide notre convoi jusqu'à l'autoroute. Je me retiens de rouler comme une folle, de toutes façons derrière cela ne suit pas. Mes mâchoires se crispent. Pourquoi ne roule-t'il pas plus vite ??? Déjà un problème ? Mon Dieu, au moins 5 heures de route devant nous, je ne sais pas lequel de Bouchon ou de moi va craquer le premier.

9h30, enfin l'autoroute ! Tout à l'air de bien se passer dans la remorque. Je prends ma place derrière le convoi, histoire de créer une marge de sécurité à l'arrière. J'ai une crampe à la mâchoire. A chaque seconde qui passe, les yeux rivés sur la porte arrière j'attends l'explosion tant redoutée. Je me sens moche moche moche !

10h30, je ne résonne pas en kilomètres parcourus mais en jours de randonnées en moins. Déjà presque une semaine de moins à parcourir si par malheur Bouchon décide que le voyage motorisé s'arrête là. J'ai l'impression que mes yeux vont sortir de mes orbites tellement je fixe cette foutue remorque. Je tente de désserrer mes mâchoires en vain, pourtant tout va bien !

11h10, j'ai réussi à me décontracter quelques précieuses minutes jusqu'à ce que mes yeux tombent sur la pendule de l'habitacle. Déjà plus de deux heures que Bouchon a eu son intraveineuse. On devrait s'arrêter bientôt faire une piqûre de rappel histoire d'éliminer tout risque de réveil, et pourtant, on roule toujours. Nous croisons des aires de repos les unes aprés les autres sans pour autant que cela semble interesser la remorque. Presque deux semaines de randos en moins à faire, c'est déjà ça de gagner. Comment va mon poney ? Je donnerai cher pour être sûre qu'il va bien ...

11h50, j'ai craqué. J'ai appelé pour savoir quand il comptait s'arrêter. Je voulais être sûre qu'il avait bien vu l'heure tourner. Bientôt trois heures que nous roulons. Je n'en peux plus, je veux m'arrêter, je veux être sûre que tout va bien. C'est trop calme là-dedans, bizarrement c'est ce qui m'inquiète le plus.

12h10, nous faisons une pause, EN-FIN !!! Un regard par l'une des fenêtres du van nous rassure sur un point : Bouchon va bien. Nous nous attendions à le trouver couché mais que nenni, le pimousse lutte comme un diable et reste debout coûte que coûte. Sa combativité force l'admiration même si parfois je m'en passerai bien. En tous cas, il est calme.

12h20, nouvelle intraveineuse pour plus de sûreté. Bouchon accueille la seringue avec un ronflement des naseaux mais guère plus. Nous voilà repartis sans plus attendre. Nous avons déjà fait plus de la moitié de la route, Nantes et son satané pont de Cheviré nous tendent les bras. Hardi petit, ce n'est pas le moment de faiblir !

13h00, nous avons passé le pont. Enfin, je me détends un peu. Il peut se passer n'importe quoi maintenant je m'en fiche, on finira à pieds !!! Nous voilà aux portes de la Bretagne, si j'avais su ce que l'avenir nous préparait je n'aurai pas déménagé Bouchon trois ans plus tôt ! Encore un peu de route et nous serons à la maison. Notre nouvelle maison !

14h30, je commence à retrouver le sourire. Le van se gare sur le parking de la pension. Les portes s'ouvrent, j'ai enfin le droit d'approcher mon poney. Bouchon est là, en un seul morceau, pas un poil souillé par la transpiration. Les yeux vides mais là ! Clairement, il est encore en train de planer. Toute la stabulation lui est réservée le temps qu'il reprenne mieux ses esprits. Quoi que, ses esprits il les a, à chaque fois qu'il me voit il m'appelle, c'est plus le plein contrôle de son corps qui lui fait défaut. Nous le laissons au calme, il n'y a rien à faire de plus pour le moment.

16h30, aprés un passage par la maison me revoilà. Bouchon occupe désormais son petit paddock personnel. Hors de question de l'intégrer au troupeau tant qu'il n'a pas repris pleine possession de ses moyens. Il va rester seul quelques jours le temps de bien se reposer. Je ne réalise pas que nous avons "gagné", que Bouchon est enfin rendu en Bretagne et pourtant, c'est vrai !!!

Epilogue : il aura fallu pas moins de 17 doses de granules et 17ml d'intraveineuse (en deux fois) pour avoir raison de Vanator. Une dose monstrueuse, qui aurait pu mettre à mal la santé de n'importe quel cheval "normal". Bouchon, cela l'a tout juste assomé. Même si j'ai encore du mal à me regarder en face dans le miroir, je ne regrette pas ma décision. A la vue de cette expérience, je n'aurai pas été capable d'administrer une telle dose. C'était une affaire de professionnel expérimenté et de ce côté-là, mon choix s'est avéré être le bon. Pas une fois Bouchon n'a été secoué pendant le transport, ce voyage a été l'occasion de lui offrir une vraie "leçon de van" toute en douceur. Je ne sais pas si dans le temps cela va nous aider à résoudre notre souci mais, en tous cas, je sais que cette expérience aura été la moins traumatisante possible pour lui et c'est ce que je voulais.

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Commentaires
S
Je déteste le pont de Chevriré, je hais le pont de Cheviré et pourtant, je l'ai passé un paquet de fois pour aller en concours... d'ailleurs dimanche prochain on se le refait!
M
C'est bizarre, ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues et pourtant, ça me fait tout drôle de te savoir partie... mais comme je suis contente pour le lardon... que votre vie soit belle là-haut.<br /> Gros bisous à toi (et à Fofie) ;-)
N
Content que le voyage ce soit "bien" passé ! Tu m'as stressé du début à la fin avec ton message ! Jusqu'à la chute où on souffle un coup ! Bref, bon séjour en Bretagne :)
M
Wahou, quel suspens, je suis bien contente que tout ce soit bien passé finalement. Comme le voyage a du sembler long!
J
Rien que OoooUuuuFfff !<br /> Bravo pour ta détermination !
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