Un lardon sachant se faire larder

Trop loin, j’étais trop loin ... ne rien pouvoir faire sinon regarder la scène qui se déroule sous mes yeux et prier pour que ce ne soit pas le lardon là-bas qui subit l’assaut furieux de Nina la jument de trait. Elle en râle littéralement de colère la drôlesse, les postérieurs fusent, les dents se jettent en avant avec pour seule cible un petit cheval bai brun. On entend distinctement les impacts sur le corps. J’ai crié sur Nina de loin dans l’espoir idiot que cela aurait le moindre effet, mais quel est le pouvoir d’une voix contre 800 kg furieux ? Ca se calme une seconde à peine, deux tout au plus, le laps de temps suffisant pour se rendre compte que c’est bien le lardon qui est la cible et que ce triple andouille breton n’a pas de plus lumineuse idée que de se rebiffer contre Nina. Un mauvais remake de David contre Goliath dont je me serai bien volontiers passée ce matin.

Quand j’arrive enfin sur les lieux de l’escarmouche musclée tout est revenu dans l’ordre, chacun est à sa place et vaque à ses occupations. Reste la greluche morte d’inquiétude, qui se prépare psychologiquement à compter les nouvelles plaies et bosses de son Pimousse. Le bilan n’est pas si affreux que ça au final, on peut s’estimer heureux du « peu » de dégâts occasionnés par fers taille « Mammouth » de Nina. Sur l’épaule gauche, un petit lambeau de peau arraché à moitié de la taille d’une pièce d’un euro, au dessus de l’arcade droite trois rayures sans poil et, oh joie intense (snif !), l’ancienne plaie du postérieur droit s’est rouverte le long de la cicatrice.

Branle-bas de combat, on sort la pharmacie du warrior et on entame aussi sec les soins. Il ne faut pas traîner avec la chaleur ambiante une infection peut débarquer avant même qu’on ait eu le temps de dire ouf ! Aux ciseaux, parer la plaie (supprimer tous les poils autour) et couper le lambeau de peau sur l’épaule puis direction la douche pour se débarrasser au jet des impuretés éventuellement présentes dans les plaie. Enfin, désinfection soigneuse et remplissage des trous avec du Dermagel. Y’a pas à dire grâce au lardon je deviens une vraie petite infirmière modèle ! Pour se remettre de toutes ces émotions, petit tour en famille dans les vignes voisine pour aller s’empiffrer sans vergogne de divines petites prunes que Bouchon apprécie tout particulièrement … sous condition d’avoir ôter le noyau pour sa royale Majesté lardonnesque.

Ce soir, retour à la pension pour vérifier que tout va bien. 200 bornes dans la journée pour les beaux yeux du lardon, y’a des jours où je me dis que j’aurai mieux fait d’avoir un poisson rouge ! Les plaies sont belles (si tant est que l’on puisse les trouver belles …), pas de trace de complications seulement l’apparition d’un petit hématome sur l’épaule. Hop on ressort la panoplie d’infirmière, douche, désinfection et tout le tralala et réapparition de notre meilleure amie l’Argile Verte associée à sa copine la teinture-mère d’Arnica Montana. Dire que le lardon apprécie les massages à l’argile serait un doux euphémisme, il abandonne son postérieur sous mes doigts avec la nonchalance d’une odalisque.

Il me reste une semaine de vacances, croisons les doigts pour qu’elle ne soit pas consacrée à un stage d’infirmière de luxe pour un lardon en mal de sensations fortes …

Comments

[Marion]

Bonjour,

je suis une accro de vos petites histoires depuis que Marie Héléne m'a donné le lien. Vous me faites mourrir de rire tous les 2 et je nous retrouve (mon lardon à moi et moi) forcément dans vos mésaventures et vos joies.
Ta façon d'écrire est un réel bonheur ! Encore bravo pour tout, bonne continuation à vous 2 et qui sait, si vous venez vous promener dans les chemins de l'isere, dans notre magnifique Vercors, on se croisera peut être !
A plus !
Marion et Jéronimo :)