Une si belle journée ...

Aujourd'hui comme d'habitude depuis 11 ans j'ai pris la petite route qui mène au paradis. J'ai croisé le joli élevage de haflingers, tourné au rond-point de la belle demeure aux deux tours, j'ai traversé le "bois qui fait peur" si joli avec son arcade d'arbres.

Une fois arrivée, j'ai mis quelques bonbons dans ma poche, pris son licol à la main et suis partie chercher mon gros.
Il a levé la tête de ses châtaignes et a répondu à mon sifflet par son petit "huhuhu" si familier . J'ai sauté sur son dos et comme à chaque fois nous avons fait la petite allée en gravier au petit galop. C'est un petit moment qu'on aime bien tous les deux.

Je l'ai sellé, sa selle toute neuve achetée juste pour lui voilà quelques semaines lui va si bien. Il faisait beau aujourd'hui. Je voulais partir au moins deux heures, deux longues heures, je n'ai pas pu, nous nous sommes arrêtés au milieu des vignes et pendant que le gros s'empiffrait d'herbe j'essayais de graver sa présence en moi. J'ai pleuré longtemps, pleuré jusqu'à ce que je ne puisse plus le faire.

Nous sommes rentrés, je l'ai dessellé le plus vite possible et nous sommes rentrés côte à côte jusqu'au pré, lui passant devant au trot histoire de grappiller un peu d'herbe. J'ai ouvert le pré, je lui ai ôté son licol, j'ai pris son gros nez tout doux dans mes bras. Je lui ai fait un tout dernier bisou là juste là entre son naseau et sa bouche. Je lui ai dit une dernière fois combien je l'aime si fort et je suis partie sans me retourner, surtout ne pas se retourner ...

J'ai mis ma voiture devant la sellerie et sans me donner le temps de réfléchir j'ai chargé en vrac 11 ans de matériel et de souvenirs. Finalement ça ne prend pas tant de places que ça, juste le coffre d'un break. Je suis partie comme une voleuse.

Voilà ... à cause de bêtes histoires d'humains j'ai dû abandonner "mon" cheval, j'ai laissé un gros bout de mon cœur à ses côtés en espérant que tout ira bien et qu'ils sauront prendre soin de lui. J'avais trouvé ma moitié-cheval et plutôt qu'une longue agonie à ses cotés à craindre chaque jour qu'on me l'enlève sans sommation j'ai fait le choix de m'arracher le cœur une bonne fois pour toutes.

J'ai mal, je ne vais pas bien du tout ... aujourd'hui ce n'était pas une si belle journée que ça finalement.

Comments

[Emma des Bruyère]

Tu vois Audrey, tout ça, je le savais mais de le relire... j'ai les larmes qui me coulent le long des joues...